Le droit à la différence dans la société contemporaine
Introduction
Le « Ngondo », manifestation culturelle du peuple Douala, momentanément interdit du Cameroun, a été rétabli avec l’avènement du multipartisme dans les années 90.
Les Témoins de Jéhovah, secte religieuse refusant la transfusion sanguine, le salut au drapeau, le vote, continuent à édifier leur loi dans un pays où la levée formelle de leur interdiction, n’a toujours pas eu lieu malgré la liberté religieuse et d’association reconnue par la constitution.
Le droit est la faculté d’accomplir ou non quelque chose d’exiger, quelque chose d’autrui conformément aux règles reconnues individuelles ou collectives, c’est aussi l’ensemble des principes régissant les rapports entre les hommes et les personnes.
La différence est le caractère qui distingue, oppose deux ou plusieurs choses ou des êtres. Le droit à la différence est la possibilité de conserver, de manifester son identité, son originalité, sa spécificité.
La constitution reconnaît à tous les citoyens, sans discrimination de sexe, d’opinion, de religion… l’égalité en droits et en devoirs. Dans un pays où la loi suprême consacre l’égale chance de tous au travail, à l’éducation à la santé, aux besoins, pourquoi penser au droit à la différence ?
Dans une société plurielle comme celle du Cameroun qui compte 250 ethnies, en quelque sorte des micros Etats, comment assurer à chacune d’elles ce droit à la différence sans compromettre la sacro-sainte notion d’intégration nationale ?
Comment préserver l’intégrité territoriale tout en laissant s’exprimer librement l’héritage culturel du bilinguisme ? Comment intégrer toutes les valeurs sociales et culturelles (langues, traditions, religion) dans un pays aussi multiple et complexe comme le Cameroun, où celles-ci se chevauchent, se superposent et se contredisent en même temps ?
La femme battue ou marginalisée, le mari codifié, l’enfant abandonné, le pédophile, l’homosexuel, le séropositif… autant de groupes qui plaident pour le droit à la différence !
La différence pose automatique le problème des minorités, du groupes (secte, association, club, cercle…), de la division d’un ensemble en un ou plusieurs sous-ensembles.
Si les textes réglementaires, les groupes humains de toutes sortes encouragent et protègent le droit à la différence (I), force est de reconnaître que celui-ci doit se faire non seulement dans un cèdre bien déterminé, mais aussi sans nuire à autrui, à la société, à la nation (II).
PREMIERE PARTIE : LE DROIT A LA DIFFERENCE : UN DROIT DE FAIT
Dans la vie quotidienne tout acte posé par un individu tend à être une manifestation du droit à la différence. Chacun aimerait être pris en considération, respecté par tous les autres.
Si tous les êtres appartenant à une société se ressemblent dans l’ensemble, de nombreux éléments permettant cependant de faire la différence entre les uns et les autres. Ainsi, les hommes sont à la fois :
Semblable à tous les autres : ils partagent par exemple la même langue, la même culture, la même tradition. Cas des Bayas, Pygmées, Sanagapour ne citer que ces cas.
Semblable à quelques autres : les albinos forment un groupe différent de celui des mélanodermes, et pourtant, tous appartiennent à la même communauté. Les nains et les géants, les gros et les minces s’opposent….
Semblable à nul autre : chaque être, chaque personne est unique dans sa communauté : l’empreinte digitale est l’expression directe de cette différence, de cette spécificité. Celle-ci s’exerce sous plusieurs formes : caractères, manières, formes physique…
Sur le plan politique, et dans une société démocratique, la différence se manifeste par l’expression des suffrages (majorité – Opposition : bien que perdants ou minoritaires le gouvernement doit, pour l’harmonie générale de la nation, tenir compte des désirata de l’opposition…, partis politiques : lobbys, groupes de pression, groupe d’intérêts…)
Sur le plan social, abondent de nombreuses associations (ethniques ; linguistique ; culturelles… vibrant témoignent du droit à la différence.
La femme est différente de l’homme et certains estiment que son émancipation est une opération conflictuelle avec l’homme (marginalisation ; mouvement féministes, préjugés divers vis-à-vis de la femme…)
Sur le plan économique, les producteurs veulent à tout prix faire des bénéfices mais se heurtent aux droits des consommateurs.
Sur tous les plans, l’homme cherche marquer sa différence. Celle-ci a cependant des limites.
DEUXIEME PARTIE : LES LIMITES AU DROIT A LA DIFFERENCE
Le fumeur est libre de fumer, pourvu qu’il ne porte aucune atteinte à la santé des non-fumeurs (compartiments fumeurs/non-fumeurs dans les avions, les restaurants, lieux publics…). La stratégie spatiale est déjà la reconnaissance du droit de fumer, mais les dernières études médicales montrent que les non-fumeurs sont menacés par la fumée de la cigarette : de nombreuses législations tendent à pousser les fumeurs dans leur dernier retranchement au point où leur droit à la différence devient pratiquement nul.
Que les prières apportent des soulagements moraux et spirituels est un fait indéniables pour les fidèles des sectes et religions. Mais soustraire un malade que l’on entend guérir exclusivement par des prières est un acte criminel répréhensible, pouvant entraîner des poursuites judiciaires (homicides volontaire ; non-assistance à personne en danger…)
Des homosexuels, bien que reconnus dans certains pays, ont encore du mal à convoler en justes noces, la réglementation n’étant ouverte qu’aux mariages hétérosexuels, pour la plupart des cas.
Que les albinos créent une association pour la défense de leurs intérêts, quoi de plus normal ! Encore que tous les albinos ne se sentent pas solidaires de ladite association, dans la mesure où ils n’aiment pas que tout ce qui se rapporte à eux soit toujours vu sous l’angle albinos/mélanodermes !