Une étude de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes) et de l’Union interparlementaire (UIP) publiée mercredi montre que le nombre de femmes présentes dans les branches exécutives des gouvernements et dans les parlements stagne à l’échelle mondiale.
Présentée à New York, la ‘Carte 2017 des Femmes en politique’ montre une légère baisse du nombre de pays ayant une femme pour chef d’Etat et/ou de gouvernement par rapport à 2015 (17 au lieu de 19) mais une hausse sensible de ce même nombre (qui passe de 8 à 17) depuis la première édition de la Carte publiée en 2005.
La progression du nombre des femmes parlementaires dans le monde demeure très lente. Les données de l’UIP montrent que le pourcentage moyen des femmes dans les parlements nationaux n’a que légèrement augmenté, de 22,6 % en 2015 à 23,% en 2016. En revanche, le nombre des femmes présidentes de parlement s’est sensiblement accru puisqu’il atteint maintenant un record absolu, 19,1%, ce qui reste encore bien loin de la parité.
« Qu’est-ce que la démocratie ? Est-ce le peuple pour le peuple ou les hommes pour le peuple ? », a déclaré la directrice générale d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, lors d’une conférence de presse au côté du Secrétaire général de l’UIP, Martin Chungong.
Mme Mlambo-Ngcuka a fait remarquer que certaines femmes subissaient également des refoulements de la part des hommes, notamment à travers de la violence physique, des railleries et de l’intimidation, tandis que les médias se concentrent plus sur les attributs physiques des femmes plutôt que sur leurs expériences et leurs programmes politiques.
« En 2016, nous avons eu la confirmation d’une tendance que nous avions constatée. Lorsqu’ il s’agit de la représentation des femmes au parlement, il y a des progrès, mais les progrès sont terriblement lents », a déclaré M. Chungong à la presse. « À ce rythme, il faudra 50 ans pour atteindre la parité 50-50. Ceci est un signal d’avertissement. Nous devons faire quelque chose à ce sujet », a-t-il prévenu.
La Carte qui classe les pays du monde selon la présence des femmes dans l’exécutif et au parlement au 1er janvier 2017, montre que les progrès vers l’égalité des sexes sont lents dans les pouvoirs exécutif et législatif tant à l’échelle régionale que nationale.
Les deux organisations ont souligné que l’émancipation politique des femmes et leur accès dans des conditions d’égalité aux postes de commandement à tous les niveaux sont indispensables à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et à l’avènement d’un monde plus juste.
Aperçu régional du pouvoir politique des femmes
Le nombre des femmes ministres dans le monde est resté pratiquement inchangé : leur total est de 732 (contre 730 en 2015). La proportion des femmes ministres se situe maintenant à 18,%. Les cinq pays qui comptent la plus forte proportion de femmes ministres sont en Europe et dans les Amériques.
En Bulgarie, en France, au Nicaragua, en Suède et au Canada, plus de la moitié des ministres sont des femmes. Ces résultats peuvent être attribués en grande partie à une volonté politique clairement exprimée au plus haut niveau – les dirigeants tant français que canadiens se sont engagés pour la parité au gouvernement – et à une culture politique sincèrement sensible au genre. La Suède est le premier pays au monde à avoir un gouvernement féministe autoproclamé, et la Bulgarie a vu augmenter globalement la participation et la présence des femmes dans les instances décisionnaires dans toutes les sphères du pouvoir, public et privé, à l’échelle tant nationale qu’internationale.
La représentation des femmes dans les Amériques a sensiblement progressé en 2017 puisqu’elle atteint 25% (contre 22,4 % en 2015) et bat un nouveau record.
Suivant une tendance amorcée en 2015, l’Afrique a vu régulièrement baisser le nombre de ses femmes ministres. Les femmes détenaient 19,7% des postes de ministre en Afrique en 2017, après avoir pour la première fois dépassé ce pourcentage en 2012 après sept années de progression rapide.
En Asie, les femmes occupaient 11% des postes ministériels (contre 10,6 % en 2015). C’est en Indonésie que le pourcentage des femmes au gouvernement a été le plus élevé (25,7 %), mais il s’est brutalement replié au Viet Nam et au Népal où il est descendu en dessous de 5%
Les progrès ont été mineurs dans les Etats arabes, où la proportion des femmes à l’exécutif a atteint 9,7% (contre 9,5 % en 2015). La proportion des femmes parlementaires a augmenté sensiblement en Tunisie, où elle est passée de 10,5% en 2015 à 23,1% en 2017, après que deux femmes de plus eurent rejoint le gouvernement.
Après une progression régulière de la représentation des femmes depuis 2012, on constate une tendance à la stagnation dans la région du Pacifique (avec un taux de 13% comme en 2015).
Le rapport d’ONU Femmes et de l’UIP a été lancé en marge de la 61e Commission de la condition de la femme dont le thème cette année porte sur l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en évolution.
Une problématique majeure discutée lors de cette Commission a été l’écart salarial entre les hommes et les femmes. Les femmes gagnent en moyenne 77 cents lorsque les hommes reçoivent un dollar pour le même travail.
Pour souligner cette disparité, la Commission devrait arrêter ses travaux mercredi à 16 h 10, soit à 23% de la fin de la journée de travail. ONU Femmes a également lancé la campagne #StopTheRobbery sur Twitter afin de dénoncer cette disparité et de sensibiliser à l’égalité des revenus entre les femmes et les hommes.