12 juin 2015 – A l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, plusieurs hauts responsables de l’ONU ont appelé vendredi la communauté internationale à investir davantage dans une éducation de qualité afin de lutter efficacement contre le travail des enfants, un fléau qui affecte toujours aujourd’hui des dizaines de millions d’enfants dans le monde entier.
L’Organisation internationale du Travail des Nations Unies (OIT) estime en effet que 168 millions d’enfants âgés entre 5 et 14 ans travaillent actuellement à travers le monde, dont un grand nombre d’entre eux à temps plein et plus de la moitié dans des conditions jugées dangereuses pour leur santé, ce qui les contraint à être déscolarisés et entrave leurs perspectives d’avenir.
« A l’heure actuelle, les aspirations de nombreux parents pour leurs enfants, et celle des enfants eux-mêmes à une éducation convenable, sont vouées à rester des rêves inexaucés », a déploré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, dans une déclaration rendue publique à l’occasion de la Journée.
L’OIT a lancé la Journée mondiale contre le travail des enfants en 2002 pour attirer l’attention sur l’étendue mondiale du travail des enfants ainsi que les actions et les efforts nécessaires pour l’éliminer. Chaque année, le 12 juin, la Journée rassemble gouvernements, employeurs, organisations du travail, la société civile, ainsi que des millions de personnes à travers le monde afin de mettre en évidence la situation des enfants qui travaillent et ce qui peut être fait pour les aider.
« Un grand nombre de filles et de garçons n’ont aucune chance d’aller un jour à l’école. Certains tentent de combiner école et travail mais ils doivent trop souvent abandonner l’école bien avant d’avoir atteint l’âge minimum légal pour travailler, et deviennent des travailleurs enfants », a ajouté M. Ryder.
En dépit de progrès spectaculaires grâces auxquels le nombre total des enfants travailleurs s’est réduit d’un tiers depuis l’an 2000, la situation sur le terrain reste néanmoins difficile, notamment dans la région Asie-Pacifique, qui compte le plus grand nombre d’enfants travailleurs (78 millions au total). L’Afrique subsaharienne continue d’être la région avec la plus grande incidence du travail des enfants, qui concerne environ 59 millions d’entre eux, soit plus de 21% de la population totale des enfants dans la région.
M. Ryder a noté que cette situation est aggravée par les conflits et les crises. Dans les zones de conflit, a-t-il indiqué, des écoliers et parfois leurs enseignants ont été victimes d’attentats et de kidnapping et il n’est pas rare que les écoles soient détruites. Alors que les familles fuient l’insécurité physique et économique, émigrant à l’étranger dans l’espoir d’une vie meilleure, énormément d’enfants, accompagnés ou non de leurs parents, font partie de ces mouvements migratoires, qui s’avèrent souvent être pour eux des voyages vers le travail et l’exploitation, a noté le Directeur général de l’OIT.
« Sans une éducation adéquate, les enfants qui ont été astreints au travail risquent plus que les autres d’avoir, une fois adultes, un travail précaire et mal rémunéré ou d’être chômeurs. Et il est fort probable qu’ils vivront une existence de pauvreté et que leurs enfants connaitront le même sort », a-t-il poursuivi
« Notre tâche et notre obligation à tous est de faire en sorte que tous les enfants, filles et garçons, aient accès à l’éducation, à une éducation de qualité. Parce qu’une éducation de seconde zone engendre des citoyens de seconde zone. Nous savons tous combien une éducation solide et de bons enseignants peuvent changer l’existence et l’avenir des enfants et des jeunes », a insisté M. Ryder, ajoutant que construire un avenir sans travail des enfants exige des politiques de développement inclusives, qui favorisent à la fois le travail décent pour les adultes, la mise en place de socles de protection sociale et de solides systèmes d’enseignement.
Se joignant à cet appel à renforcer l’investissement dans l’éducation des enfants, le Président de l’Assemblée générale de l’ONU, Sam Kutesa, a de son côté exhorté les Etats membres à imaginer un monde « dans lequel chaque enfant fréquenterait l’école et personne ne serait forcé de travailler contre son grès ».
« En recherchant des approches de plus en plus intégrées et fructueuses, s’attaquant non seulement aux symptômes du travail des enfants, mais également à ses causes profondes, nous avons fait de la prévention le cœur de notre réponse », a salué M. Kutesa.
« Je demande aux États membres de reconnaître que la protection sociale est un droit qui est essentiel pour mettre fin au travail des enfants. Nous devons veiller à ce que les enfants aient accès aux ressources de base, y compris la nutrition, la santé et l’éducation, afin qu’ils puissent réaliser pleinement leur potentiel », a appelé le Président de l’Assemblée générale.