« Rendre la justice est une noble mission mais aussi une lourde responsabilité. Ici, c’est l’éthique et la déontologie qui doivent servir de guides. Et la République qui confie au magistrat le soin de veiller au respect des lois ne peut tolérer les défaillances ».Commentez cette assertion de monsieur le Président de la République, son Excellence Paul Biya, lors du cinquantenaire de l’ENAM le 1er décembre 2009.
TOPIC : « administering justice is both a lofty mission and a heavy responsibility .Here,professional ethics must be the guiding principle.As such, the Republic, which entrusts respect for the law to the care of the magistrate, cannot tolerate any lapses ».Comment on this statement by the president of the Republic,His Excellency PaulBiya, during the opening ceremony of commemorative activities of the 50th anniversary of ENAM on 1st December 2009.
- 1.Compréhension du sujet
Le sujet en français et celui en anglais comportent des variantes qui leur permettent de s’éclairer mutuellement.
- La traduction de noble par lofty. En français,noble renvoie d’abord à aristocratique,ensuite à élevé. En anglais,lofty renvoie d’abord à élevé ensuite à distingué.Le sujet en anglais éclaire bien celui en français car noble ici ne renvoie pas à aristocratique,mais plutôt à élevé,distingué.Elevé s’oppose à bas,vulgaire ;il marque l’état des choses qui sont plus hautes que d’autres dans l’ordre moral.
- La nuance mais aussi… /both…and…La version française établit une hiérarchie entre noble mission et lourde responsabilité alors que la version anglaise les places au même niveau.
- la version française fait distinction entre éthique et déontologie alors que la version anglaise les associes dans une seule expression ; professional ethics.
- Dans la version française, la troisième phrase commence par la conjonction de coordinationet qui établit le lien entre ce qui a été dit avant et ce qui va suivre.Dans la version anglais,ce lien a beaucoup plus de vigueur à travers l’expression as such qui signifie à cet effet.
- La version française se termine par une négation ne peut tolérer les défaillances alors que la version anglaise se termine par une négation restrictive cannot tolerate any lapses.
Ces différences peuvent-elles amener une compréhension différente du sujet entre les candidats anglophones et francophones ?
Le Cameroun étant un pays bilingue,les candidats qu’ils soient anglophones ou francophones sont supposéslire les deux versions du sujet pour leur gouverne, la version française du sujet pouvant éclairer les candidats anglophones de même que la version anglaise pouvant éclairer les francophones.
- 2.clarification des concepts
Rendre la justice :juger,condamner,départager,faire appliquer la loi,veiller au respectdes lois, dire qui a tort et qui a raison,etc.
Noble mission :mission exaltante,élevée,supérieure ;le caractère exaltant de la mission devrait faire de lui un homme au dessus de tout soupçon.Il travail pour les intérêts supérieurs de la République.
Lourde responsabilité : il y a un rapport de cause à effet entre la mission exaltante et la lourde responsabilité. Le magistrat doit être fier de ce qu’il fait. La mission du magistrat est lourde de conséquences. Lourd d’oppose à léger. La justice ne doit pas être rendue à la légère.
Ethique : renvoie à l’ordre moral qui détermine les règles qui gouvernent nos actions, moralité individuelle.
Déontologie : (mot créé par J. Bentham, 1834 dans le sens de professional ethics » morale professionnelle »). Ensemble de devoirs inhérents à l’exercice d’une activité professionnelle. Elle marque une plus grande importance accordée aux valeurs : honnêteté, conscience, respect des droits de l’homme et de la dignité humaine, de la hiérarchie, des procédures.
Le sujet en anglais ne fait pas de distinction entre éthique et déontologie. Dans cette perspective, il est absolument hors de question que l’on retrouve une brebis galeuse parmi les magistrats.
Dans le sujet en français, éthique et déontologie sont reliées par la conjonction de coordination « et ». Cela signifie que dans la pensée de l’auteur, les deux vont ensemble (même si sur un plan purement linguistique les deux notions sont distantes). Il n’y a donc pas l’une sans l’autre. Le sujet en anglais rejoint celui en français. La profession de magistrat ne s’accommode pas d’individus de moralité douteuse. Pas de légèreté dans la profession.
« Et la République… défaillance » : le magistrat ne rend pas la justice en son propre nom. Il rend la justice au nom de la République. Le Président de la république est clair : la République n’assume pas les défaillances commises par les magistrats. Les défaillances commises par les magistrats retombent sur la République qui confie au magistrat le soin de veiller au respect des lois. Le texte est donc une interpellation, une mise en garde, un rappel à l’ordre adressé aux magistrats.
- 3.Consigne d’écriture
Le travail demandé aux candidats ne comporte qu’une seule exigence : commenter la pensée de son Excellence Paul Biya, Président de la République lors de la cérémonie d’ouverture des activités marquant la commémoration du cinquantenaire de l’ENAM le 1er décembre 2009. Il est donc demandé aux candidats de dire comment ils comprennent la pensée de l’auteur.
Le sujet comporte :
- Une affirmation : « rendre la justice… servir de guides ».
- Une interpellation : « Et la République… ne peut tolérer les défaillances » ; « as such, the republic… cannot tolerate any lapses »
Certains candidats seront tentés de limiter leur commentaire à l’affirmation. Ceux là auront traité leur sujet à la légère car c’est l’interpellation qui constitue le message que le président de la République adresse aux magistrats. Le président de la république s’adresse aux magistrats en tant que chef de la magistrature suprême. Il est hors de question que le candidat comprenne qu’il s’adresse à tout le monde ou aux justiciables.
Le justiciable est certes un sujet de culture générale, mais tout bon candidat doit comprendre que le travail à faire ne doit pas se limiter au commentaire de l’affirmation. Il doit faire ressortir l’intérêt de l’interpellation du Président de la République et donner son point de vue.
- 4.Réécriture du sujet
Rendre la justice est une mission exaltante et lourde de conséquence. Seules les valeurs suprêmes de la république n’assument pas les défaillances du magistrat.
- 5.Problématique
Le magistrat doit-il se contenter du fait que la profession qu’il exerce fait de lui un homme hors du commun ? L’exercice de cette profession n’est-il pas lourd de conséquences. Le non respect de l’éthique et de la déontologie ne constitue-t-il pas une atteinte aux valeurs suprêmes de la république ? La république qui a confié au magistrat le soin de veiller au respect des lois est-elle responsable des défaillances de ce dernier ? Qu’est-ce que la République prévoit comme sanction à l’encontre de tous ceux qui déshonorent la profession de magistrat ? Les défaillances constatées dans l’exercice de la profession sont-elle toutes imputables au magistrat ?
- 6.Plans possibles
Les candidats ayant un niveau en maîtrise avec des cursus divers, on s’attend à ce que :
- a)Ils fassent l’effort de situer le sujet dans son contexte ;
- b)Ils actualisent le sujet avec des exemples concrets tirés de l’histoire des grands auteurs (philosophes, sociologues, théologiens, littéraires, économistes, juristes, etc. Montesquieu, Hobbes, Machiavel, Rousseau, Paul Biya, Marcien towa, Njoh Mouelle, etc.) et particulièrement de l’actualité politique au Cameroun. Les exemples concrets tirés de l’actualité et la connaissance des grands auteurs constituent un aout appréciable.
- c)Ils fassent ressortir clairement l’interpellation du président de la république à l’occasion de la commémoration du cinquantenaire de l’ENAM, s’agissant des défaillances et des sanctions.
Ils émettent des réserves et surtout leur point de vue sur la pensée de l’auteur. Les défaillances peuvent aussi être liées aux conditions de travail : famille, pression publique, environnement politique, insécurité dans l’exercice de la profession, manque de matériel de travail, catastrophe naturelle, épidémie, etc.
- 6.1.Premier plan possible
Introduction
- a.Thèse
Le candidat justifie la pensée de l’auteur. Il montre que l’auteur a raison avec explications et exemplifications sur les points suivants :
- Rendre la justice est une mission exaltante et lourde de responsabilité ;
- C’est l’éthique et la déontologie qui doivent servir de guides ;
- La république confie au magistrat le soin de veiller au respect des lois mais ne peut tolérer les défaillances.
Le candidat doit situer la pensée de l’auteur dans son contexte avant de l’actualiser. Cependant on n’attend pas du candidat qu’il ait une parfaite maîtrise de la pensée de son Excellence Paul Biya. Le sujet étant un sujet de culture générale, le candidat devra néanmoins faire montre d’ouverture d’esprit, d’une bonne culture générale et d’une maturité d’esprit.
- b.Antithèse
Le candidat émet des réserves sur la pensée de l’auteur :
- L’auteur qui est le premier magistrat ne réfléchit-il pas comme un aristocrate ?
- Les conflits entre les lois et les coutumes. Nos lois sont-elles l’émanation de nos coutumes ?
- Les lois et les convictions religieuses. La prolifération des églises et des sectes, et tous les phénomènes sociopolitiques qui y sont liés.
- Le confort intellectuel, le niveau d’instruction des justiciables. Que faisons-nous de ces camerounais qui n’ont pas eu accès à l’éduction, qui ne savent ni lire, ni écrire et qui sont pourtant des camerounais à part entière ?
- Le contexte de pauvreté généralisée. L’enfant de dix ou de quinze ans qui parcourt la ville de Yaoundé avec un plateau de beignets sur la tête doit il payer l’impôt ? S’il se fait basculer par un conducteur de mototaxi de dix huit ans qui lui-même n’est pas assuré, que doit faire le magistrat surtout si le conducteur n’a ni carte d’identité ni permis de conduire ?
- Les moyens dont dispose le magistrat pour trancher devant les cas de sorcellerie, de magie, de viol, d’infidélité ?
- Les conditions de détention face aux catastrophes naturelles et aux pandémies : glissement de terrain, inondation, épidémie et choléra.
- La prise en charge des détenus. Le détenu est-il à la charge de l’Etat, du magistrat ou de sa famille ? Un détenu qui n’a personne pour le nourrir, personne pour se porter garant de lui peut-il rester enfermé dans la cellule du magistrat ? S’il meurt de faim ou de maladie dans une cellule qui en est responsable ?
- Les présidents des partis politiques jouissent-ils d’une immunité ?
- Quelle doit être la position du magistrat quand un particulier porte plainte à l’Eta ?
- Que doit faire le magistrat quand un autre magistrat est en faute surtout si la faute est involontaire ? (accident dela circulation par exemple) ?
- 1.Le candidat prend position
Le candidat doit faire preuve de maturité d’esprit en prenant position. La thèse et l’antithèse ne suffisent pas. Celui-ci doit donner son point de vue.