« Les OMD ont permis au monde de réaliser d’immenses progrès en faveur des enfants mais ils nous ont aussi montré combien d’enfants nous négligeons », a déclaré le Directeur général de l’UNICEF, Anthony Lake, dans un communiqué de presse annonçant la publication du rapport. « La vie et l’avenir des enfants les plus défavorisés sont importants, pour eux-mêmes bien sûr, mais aussi pour leurs familles, leurs communautés et leurs sociétés », a-t-il ajouté.
Intitulé ‘Progrès pour les enfants : au-delà des moyennes’, le rapport final de l’UNICEF sur les OMD concernant les enfants indique qu’en dépit de progrès importants, les inégalités des chances ont conduit des millions d’enfants à vivre dans la pauvreté, à mourir avant même d’avoir cinq ans, à ne pas être scolarisés et à souffrir de malnutrition chronique.
Les disparités au sein des pays font que les enfants des foyers les plus pauvres risquent deux fois plus de mourir avant leur cinquième anniversaire que les enfants des foyers les plus riches et ont beaucoup moins de chances d’acquérir les niveaux minimaux de lecture que ces derniers.
Les OMD ont été adoptés en 2000 à New York suite à la signature de la Déclaration du millénaire de l’Organisation des Nations unies, avec pour objectif de les atteindre d’ici 2015. Alors que la communauté internationale travaille actuellement à l’élaboration d’un nouveau programme de développement pour l’après-2015, qui devrait être adopté en septembre prochain à New York, elle s’apprête également à se doter de nouveaux Objectifs de développement durable (ODD) pour les 15 prochaines années.
« La communauté mondiale faillira à ses devoirs envers des millions d’enfants si elle n’accorde pas à ceux qui sont le plus défavorisés la priorité dans sa nouvelle feuille de route pour le développement au cours des 15 ans à venir », a averti l’UNICEF, alors que la communauté internationale.
« Si l’on reste incapable d’atteindre ces enfants laissés pour compte, cela pourra avoir des conséquences dramatiques », a insisté l’agence.
Le rapport de l’UNICEF indique qu’au rythme actuel des progrès, en tenant compte des projections de croissance démographique, il y aura d’ici 2030 68 millions de plus de décès d’enfants de moins de cinq ans de causes évitables ; environ 119 millions souffriront encore de malnutrition chronique ; un demi-milliard de personnes continueront de pratiquer la défécation à l’air libre, compromettant ainsi sérieusement la santé des enfants ; il faudra presque 100 ans pour que toutes les filles des familles les plus pauvres d’Afrique subsaharienne achèvent le premier cycle de l’enseignement secondaire.
Le rapport souligne toutefois des progrès significatifs réalisés depuis 1990, y compris la diminution de plus de moitié de la mortalité chez les enfants de moins de cinq ans a (de 90 décès pour 1 000 naissances vivantes à 43 décès pour 1 000 naissances vivantes) ; la diminution de l’insuffisance pondérale et la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans, respectivement de 42 % et 41 % ; la diminution de 45 % de la mortalité maternelle a diminué ; l’accès d’environ 2,6 milliards de personnes à des sources améliorées d’eau potable.
Selon le rapport, les écarts entre les plus pauvres et les plus riches ont également diminué pour à peu près la moitié des indicateurs que mesure l’UNICEF.
« Dans de nombreux pays, des gains plus importants en termes de survie de l’enfant et de fréquentation scolaire sont observés chez les ménages les plus pauvres », précise l’étude, ajoutant que l’écart entre les taux de mortalité maternelle entre les pays à haut et faible revenu a diminué de moitié entre 1990 et 2013, passant d’un ratio de 38 à 19.
Le rapport souligne également certains mauvais résultats : les progrès ne profitent pas aux quelque 5,9 millions d’enfants qui meurent chaque année avant leur cinquième année, ni aux 289 000 femmes qui décèdent chaque année en accouchant, ni aux 121 millions d’enfants et d’adolescents qui ne vont pas à l’école.
« Alors que les dirigeants mondiaux se préparent à adopter les Objectifs de développement durable (ODD), les enfants les plus défavorisés doivent être au centre des nouveaux objectifs et cibles », a affirmé l’UNICEF.
Une meilleure collecte et ventilation des données – allant au-delà des moyennes utilisées pour mesurer les OMD – peut permettre d’identifier les enfants les plus vulnérables et les plus marginalisés et les endroits où ils vivent, a souligné l’agence.
Des systèmes locaux de santé, d’éducation et de protection sociale plus solides peuvent aider davantage d’enfants à survivre et à s’épanouir, a déclaré l’UNICEF, ajoutant que des investissements plus avisés adaptés aux besoins des enfants les plus vulnérables peuvent s’avéreraient bénéfiques à court et long terme.
« Les ODD sont l’occasion de mettre en pratique les leçons que nous avons tirées et d’aider les enfants qui ont le plus besoin d’aide : honte à nous si nous ne le faisons pas », a dit Anthony Lake. « Parce qu’une plus grande égalité des chances pour les enfants d’aujourd’hui veut dire moins d’inégalités et plus de progrès au niveau mondial demain ».