Un nouveau rapport d’ONU-Femmes, rendu public lundi dans sept villes du monde, appelle à des changements significatifs en vue de transformer les économies mondiales et faire respecter les droits et l’égalité des femmes.
Intitulé « Les progrès des femmes dans le monde 2015-2016 : Transformer les économies, réaliser les droits », ce rapport propose un programme économique alternatif susceptible de créer non seulement des sociétés plus justes, mais également de nouveaux secteurs d’emploi, notamment dans l’économie des soins.
« Le nouveau programme économique que promeut ONU-Femmes n’est pas une chimère. Beaucoup de pays, y compris les pays en développement à faible revenu, sont déjà en train de mettre en œuvre les éléments de ce programme », a déclaré lundi dans un communiqué de presse la Responsable de la section recherches et données d’ONU-Femmes et l’auteure principale du rapport, Shahra Razavi.
Malgré les progrès significatifs réalisés depuis la quatrième Conférence mondiale historique sur les femmes organisée à Beijing, en Chine, il y a 20 ans, le rapport note que des millions de femmes exercent toujours des emplois peu rémunérés ou de qualité médiocre, et ne disposent pas d’un accès aux soins de santé de base, à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement décents.
Seulement la moitié des femmes dans le monde participent au marché du travail, contre 75% des hommes, précise l’étude, ajoutant que dans les régions en développement, jusqu’à 95% des emplois occupés par les femmes relèvent du secteur informel.
Le rapport révèle également que le salaire moyen des femmes dans le monde est inférieur de 24% à celui des hommes. En France et en Suède, par exemple, une femme peut s’attendre à gagner 31% de moins qu’un homme sur l’ensemble de sa carrière (49% en Allemagne et 75% en Turquie).
Les femmes se voient reléguées à un ensemble limité de professions sous-évaluées, selon l’étude. Par exemple, 83% des travailleurs domestiques dans le monde sont des femmes, et près de la moitié d’entre elles n’ont pas droit à un salaire minimum. Et même lorsque les femmes réussissent dans le monde du travail, précise le rapport, elles se heurtent à des obstacles auxquels les hommes ne sont généralement pas confrontés : dans l’Union européenne, 75% des femmes occupant des postes de direction – où elles sont sous-représentées – et 61% des femmes exerçant des professions dans le secteur des services ont subi une forme de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail au cours de leur carrière.
Dans ces conditions, le rapport d’ONU-Femmes recommande dix mesures clés qui permettraient aux gouvernements de mettre en œuvre une économie « qui fonctionne réellement pour les femmes ».
Parmi ces recommandations clés, le rapport souligne que, au moyen d’une combinaison appropriée de politiques économiques et sociales, les gouvernements sont capables de générer des emplois décents pour les femmes comme pour les hommes.
Les politiques macroéconomiques doivent soutenir la réalisation des droits des femmes par l’instauration d’économies dynamiques et stables, la génération d’emplois décents et la mobilisation de ressources pour financer les services publics essentiels, estime le rapport.