A votre avis, quels sont les impacts de la construction et de l’exploitation de l’oléoduc Tchad-Cameroun sur le développement du Cameroun et de l’Afrique centrale ?

Illustrer votre analyse avec des exemples concrets de votre choix.

 

 

INTRODUCTION

Octobre 2000, alors que les Présidents Camerounais et Tchadien lançaient la construction du pipeline, nombreux sont ceux qui, cueillaient l’émotion ambiante, avaient cru à un « rêve africain ». Analysé par la banque mondiale comme le plus grand investissement arrivé jamais réalisé en Afrique, le pipeline constitue la matérialisation d’un partenariat inédit entre deux gouvernements, celui du Cameroun et celui du Tchad, un groupe d’entreprises pétrolières (Exxon mobil, Petronas, Chevron) et la banque mondiale. Mener à bien un projet aussi ambitieux, aussi bien au plan technique et stratégique qu’au plan géologique, demande sans aucun doute beaucoup d’investissements, mais plus encore, vu le désir partagé et une fédération d’énergie. Il aura fallu surmonter maints obstacles liés notamment au financement et surtout aux problèmes environnementaux qui ont suscités de réelles inquiétudes. Mais, dans quels intérêts peut-on mener un tel projet avec tant d’obstacles ? Est-ce une aventure ou alors une action stratégique des dirigeants Camerounais ? Si l’on s’en tenait à un langage économique selon lequel « pas d’intérêts, pas d’action », ou encoure à une expérience familière « rien n’est pour rien », l’on pourrait affirmer sans risque de se tromper que la construction et l’exploitation de l’oléoduc Tchad-Cameroun à des impacts sur le développement du Cameroun en particulier et sur celui de l’Afrique centrale en général.

Achevé en 2003, et sans forcément se révéler à la mesure, les retombés sociaux, économiques et politiques du pipeline sont connus, d’où la triple dimension de la construction et l’exploitation de l’oléoduc Tchad-Cameroun.

I-                   PLAN ECONOMIQUE

Le pipeline Tchad-Cameroun d’une longueur de 1070 km, allant de Komé au Tchad à Kribi au sud-Cameroun semble donner le ton aux retombées économiques sur le développement du Cameroun et celui de l’Afrique centrale. Comparable à cette longueur, les retombées économiques ne cessent d’étendre les processus d’un tel projet.

D’octobre 2000 à avril 2003, le pipeline, au titre du droit de transit, a rapporté à l’Etat camerounais plus de cinq milliards de francs CFA, car il traverse notre territoire avant d’être chargé au terminal à Kribi, il prend la direction du marché international. En ce qui concerne les modalités de payement de ce droit de transit, il faudrait savoir que ce payement, spontané, se fait sur les quantités brut issus du permis zone 4 du Tchad par le biais d’une déclaration auto liquidative, sur la base des volumes transportés et enlevés au terminal de chargement[1]. L’Etat camerounais continuera ainsi à percevoir pendant la phase d’exploitation d’environ 25 ans, des royalties qui lui sont dus au titre de droit de transit, recettes appréciables qui iront alimenter le trésor Public.

La construction du pipeline Tchad-Cameroun a permis de donner un souffle nouveau à l’économie du Cameroun. En effet, de nombreux opérateurs économiques nationaux y ont trouvé d’importantes opportunités d’affaire. Lors des travaux côté camerounais, plus de 6000 travailleurs, dont 5500 nationaux et environ 500 ressortissants de la sous région, en ont tiré une source de revenu. Le marché de l’emploi camerounais a donc connu pendant cette phase de construction une forte évolution. L’exploitation de l’oléoduc ne reste pas en marge de cette offre d’emploi.

L’un des secteurs qui a tout aussi bénéficié de la construction du pipeline est celui de la technologie. L’on note toute la technologie mise en œuvre pour cette construction, le transfert de technologie s’est étendu au niveau des camerounais. La construction et l’exploitation de l’oléoduc permettent désormais l’accès du Cameroun à la transmission par câble à fibre optique à moindre coût. De nombreux avantages induits à travers la sous-traitance de nos entreprises à l’exemple de la sonana, qui pourrait exercer ses activités de raffinage.

Comme autre secteur ayant tiré son épingle du jeu, celui du tourisme. Dans le domaine de l’environnement, les accords passés avec les opérateurs devraient faciliter la création des parcs nationaux et contribuer de façon générale à une prise de conscience environnementale au niveau national. En outre, la construction d’un aérodrome à Kribi facilite davantage l’accès dans la cité balnéaire en offrant un autre moyen de transport. Ainsi, l’implantation de l’oléoduc à Kribi permettra la découverte de ses charmes : mer, chutes, campement des pygmées.

Bien que la construction de l’oléoduc Tchad-Cameroun ait enregistré avec fierté des retombés économiques qui ont réduit de manières substantielle le chômage sur son itinéraire, ses effets s’étendent au niveau de l’Afrique Centrale. Car sur les 500 ressortissants extérieurs, de nombreuses personnes ont eu accès à l’emploi (Gabon, Tchad, Guinée Equatoriale…). Et au-delà de la coopération entre le Tchad et le Cameroun, le pipeline pourra servir de jalon à l’intégration régionale en Afrique centrale.

II-                PLAN SOCIAL

Le pipeline qui serpente à travers les territoires du Tchad et du Cameroun a laissé ses traces au-delà du tissu économique du Cameroun. Ainsi, les compensations communautaires et individuelles ont également rapporté beaucoup d’argent aux populations des localités traversées. Cinq milliards de francs CFA ont été consacrés au paiement de ces compensations. Ce qu’il faut ajouter, la réalisation et les constructions de 450 km de routes et les ponts le plus importants, et celui sur la rivière Mbéré. Rappelons comme nous l’avons dit précédemment la construction d’un aérodrome. Il convient de signaler que toutes ces réalisation permettront de désenclaver certaines localités ou zones jusque là difficile d’accès, et de faciliter les communications entre le Tchad et le Cameroun. Mais, au-delà du satisfait que suscite légitimement cette réalisation technique, la phase d’exploitation comporte de nombreux enjeux et défis, toutes proportions gardées aussi bien pour le Tchad que pour le Cameroun. Par exemple : la gestion rationnelle des revenus dans la perspective de la lutte contre la misère, la sécurité des populations, aussi faut-il relever, que tout le long du pipeline, de Komé à Kribi, l’amélioration des conditions de vie des populations se trouvant sur ce tracé.

Cette véritable artère qui traverse le « corps » du Tchad et du Cameroun, apporte un élément supplémentaire de solidarité entre les deux pays, liés par la géographie, l’histoire et la parenté des deux populations. Désormais, comme l’a dit le Président de la République Camerounaise, « il est possible de dire que, ce qui est bon pour le Cameroun est bon pour le Tchad »[2]. Cette expérience illustre à juste titre le lien de fraternité qui peut exister entre le Tchad et le Cameroun. Au niveau de l’Afrique centrale, tous devraient avoir le sens de la solidarité. S’il existe des problèmes entre pays de l’Afrique centrale, il faudrait de la solidarité pour les résoudre et si les choses vont bien comme elles le font pour le Cameroun et le Tchad, l’avenir de l’Afrique centrale dépendra de la volonté commune de tous les pays.

III-             PLAN POLITIQUE

Le pipeline Tchad-Cameroun, ce Léviathan des savanes qui enfouis sa queue dans la terre d’ Tchad et sa tête dans les abysses de l’océan à Kribi, a démontré la forte illustration de la volonté politique des leaders sous-régionaux de faire œuvre commune. Au vu du nombre des Chefs d’Etats (Obiang Nguema, Blaise Compaoré, et François Bozeze) qui ont convergé vers Yaoundé, pour l’inauguration du pipeline, ceci démontre le principe de bâtir tous ensemble leur destin commun et bien intégré. Ainsi, toutes ces relations politiques permettront de combattre la pauvreté, comme l’a écrit l’historien Burkinabé Joseph Ki Zerbo au sujet de la pauvreté en Afrique : « j’insiste sur le fait que la dimension micro nationale n’est pas apte au développement et à la croissance. On ne peut pas faire de l’accumulation suffisant, même privé, dans de petits pays. Ce n’est que sur la grande échelle qu’on peut faire les prélèvements nécessaires sur les revenus qui permettent, à leur tout, d’engager une politique sociale ». Dans une Afrique centrale où surgissent des replis identitaires, où s’expriment davantage les égoïsmes nationaux, le pipeline Tchad-Cameroun offre un bel exemple de coopération entre les deux pays.

 

CONCLUSION

Pipeline : idée générale ayant pris naissance de la proximité et des affinités des deux nations (Tchad-Cameroun), est un moteur de prospérité et de progrès. La construction du pipeline a boosté les économies du Cameroun et du Tchad, ceci à travers les recettes appréciables générées par l’exploitation de l’oléoduc. Pour le Cameroun, il recevra des royalties pendant 25 ans environ, et pour le Tchad, les luttes de vente de son pétrole sur le marché international. En toute évidence, la mise en œuvre du pipeline Tchad-Cameroun a valeur d’exemple pour l’accomplissement de l’idéal d’intégration régionale que poursuit la CEMAC. La construction du pipeline qui était porteur d’une part de rêve et d’espoir est devenue réalité. Certes, il faudra au-delà du pipeline, plus concrètement et dès maintenant, essayer de donner corps aux généreuses idées formulées par la sous région dans le cadre du NEPAD, et aussi finaliser la mise en place des institutions communautaires dans le cadre de la CEMAC, puis enfin, mettre plus d’engagement dans la circulation des biens et des personnes , obstacle majeur, s’il en est, à l’intégration. Mais ne faisons plus la fine bouche sur un succès, surtout lorsqu’il résonne comme un premier pas.


 

Ajouter un Commentaire


Code de sécurité
Rafraîchir

Commentaires

Cours d'allemand

Cours d'allemand