Que pensez-vous de cette affirmation d’un auteur contemporain : « Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et c’est la justice qui libère ».

TOPIC : Discuss this assertion by a contemporary author : « Between the strong and the weak, freedom is a source of oppression and justice a source of freedom ».

  1. 1.Clarification des concepts

Le sujet repose sur trois pairs de concepts antithétiques :

  • Le fort (celui qui a une position privilégiée dans un quelconque domaine de la vie) et le faible (celui qui est désavantagé par la nature ou la société) ;
  • La liberté (absence de contrainte, de servitude ou de captivité) et la justice (principe morale, qui exige le respect du droit et de l’équité) ;
  • L’oppression (soumission à une autorité tyrannique ou malveillante) et la libération (action de rendre libre ou de se soustraire à une autorité tyrannique).
  1. 2.La consigne d’écriture

La consigne d’écriture est tout à fait classique et n’est pas susceptible d’embarrasser le candidat. « Que pensez-vous de » induit un traitement méthodologique du sujet avec une phase d’explication et une phase de prise de position.

Le plan ici devrait être dialectique, car l’esprit de nuance et de synthèse est plus qu’exigé, loin de tout fanatisme, de toute tendance subjective consistant malencontrement à fantasmer ou à jeter l’anathème sur ceux qui gouvernent, dirigent, bref jouissent d’une parcelle de pouvoir.

  1. 3.La problématique du sujet

Point n’est besoin de rappeler le rôle capital de la problématique dans tout travail intellectuel en général, et en dissertation en particulier. Une prestation intellectuelle sans problématique, c'est-à-dire sans questionnement majeur égare le correcteur et disqualifie le candidat. L’introduction devra bien circonscrire tous les aspects techniques et formels : amener le sujet, poser le sujet, problématiser le sujet et en annoncer si possible les grandes articulations.

Ce sujet pose le problème de la régulation des rapports sociaux ou de la cohabitation harmonieuse entre les humains.

Comment la liberté et la justice peuvent-ils garantir l’émergence d’une société idéale fondée sur l’égalité, la paix et l’épanouissement de tous ?

La liberté peut-elle se réduire à sa seule dimension négative ? La justice peut-elle être rendue en toute objectivité, et en toutes circonstances ?

  1. I.PLAN POSSIBLE

Etant donné que les candidats de la section Magistrature sont titulaires d’au moins une Maîtrise, il est tout à fait judicieux d’attendre d’eux des dissertations plus ou moins philosophiques en bonne et due forme, et un traitement du sujet intégrant volontiers la discussion et une bonne connaissance des grands penseurs et écrivains tels que Rousseau, Hobbes, Machiavel, Marx et Engels, Lafontaine, Montesquieu, Sartre, Jankélévitch, etc. Il est tout aussi indiqué qu’il soit fait appel à l’immense contribution des écrivains et philosophes africains au débat sur l’Etat de droit, la bonne gouvernance, l’éthique dans les relations interpersonnelles et internationales : Krumah, Eboussi, Njoh Mouelle…

Les évaluateurs se doivent d’être attentifs à ces cas où les candidats ont un bon contenu, malgré une présentation schématique et inappropriée héritée des Facultés des Sciences Juridiques. Le cas échéant, le fond noté sur 14 sera bonifié, mais la notation de la forme sur 06 pts devra en pâtir. Il est formellement interdit d’attribuer des notes standardisées ou fantaisistes.

1ère partie : CETTE PARTIE CONSTITUEE DE DOUBLE THESE EN ENONCEE PAR L’AUTEUR DE LA CITATION :

  1. 1.1.La liberté opprime

Les domaines social, politique, culturel et économique regorgent d’exemples de rémanence de l’Etat de nature, avec sa devise : « je prends la plus grande part parce que je me nomme lion ». La force régente tout dans ce contexte, d’où les notions de fort et de faible. Lafontaine, le célèbre fabuliste français, s’en prend à la casuistique dans les « animaux malades de la peste ».

Les relations interethniques en Afrique sont parfois empreintes de domination d’un groupe sur un autre (Burundi, Rwanda, Soudan…). Les guerres de religions et autres affrontements ont souvent eu pour fondement la sublimation de soi et la dévalorisation de l’autre.

Si la liberté opprime, elle devient négative et entraîne des réactions diverses : recours à des tribunaux, révolte, violence et victimisation.

  1. 1.2.La justice libère

La justice repose sur le respect du droit par tous. Son efficacité s’appuie sur un principe sacro-saint : l’égalité de tous devant la loi.

Un environnement national et international soucieux de la justice sociale est favorable à la lutte contre les inégalités et les atteintes aux droits inaliénables des peuples.

La justice est Métonymiquement symbolisée par l’institution judiciaire dont les acteurs sont les magistrats, les avocats, les huissiers, les notaires… Ces acteurs doivent tous être compétents, intègres et indépendants.

2ème partie : CETTE PARTIE EST CONSTITUEE DES ARGUMENTS FECONDANT L’ANTITHESE

  1. 1.1.La liberté libère

Un bon exercice de la liberté peut libérer : épanouissement dans une relation contractuelle, le respect d’autrui, le respect des engagements. Le respect de l’égalité entre homme et femme, entre les peuples est source de progrès.

Pour les croyants, la crainte de Dieu est un facteur d’équilibre et de recherche de la perfection. Elle induit des comportements contraires aux injustices et autres violations du droit.

  1. 1.2.La justice opprime

En cas de dysfonctionnement manifeste, la justice peut ne plus être garante de son efficacité et surtout de son impartialité.

Les récriminations des justiciables montrent quotidiennement que la force subjugue souvent le droit.

Sur les plans économique, politique et culturel, certaines grandes puissances ne respectent que leurs intérêts : colonialisme, néocolonialisme, apartheid, impérialisme, autant d’abus que les tribunaux internationaux n’osent sanctionner.L’invasion américaine en Irak reste la plus parfaite illustration de la raison du plus fort.

Paradoxalement, même les grandes religions ne sont pas à l’abri des critiques : détournement des consciences, luttes d’influence, abus d’autorité, mésinterprétation instrumentalisée des livres saints, abus des biens sociaux.

3ème partie : UNE SYNTHESE S’IMPOSE, CAR LES CANDIDATS DOIVENT DEMONTER QU’ILS PRATIQUENT LE CULTE DE « L’HONNETE HOMME » QUI FUIT TOUTE EXTREMITE DU TRIOMPHE DE L’ETAT DE DROIT

Seul l’Etat de droit, s’il est accepté de tous, est capable de faire de la liberté et de la justice des forces socialement positives et porteuses de progrès et de bien-être.

Les droits de l’Homme doivent être promus en permanence ; il y a nécessité d’une meilleure intégration des concepts de genre et de parité/complémentarité.

La promotion de la démocratie garantit l’exerce de la bonne gouvernance, l’affectivité de la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, le respect de l’éthique.

La terre est appelée à être, selon le vœu de Saint-Exupéry, « une terre des hommes » d’où l’exigence morale d’un vivre ensemble quoique différents.

Les Etats dits puissants doivent, sans hypocrisie ni calculs personnels, soutenir les grands organismes internationaux nés au lendemain de la 2ème guerre mondiale pour apporter plus de stabilité et de progrès à notre planète.

  1. 4.Conclusion

Il est tout à fait indiqué que le candidat conclue sa dissertation, ce d’autant plus qu’il a à répondre aux questions problématisant le sujet. L’être humain soit toujours tendre vers un idéal, ce dernier dût-il apparaître de manière asymptomatique. Il convient la vision manichéenne qui veut que le monde soit la coexistence nécessaire du bien et du mal, des forts et des faibles, des bons et des mauvais, la promotion d’un humanisme intégral revalorisant l’homme, compte non tenu de sa race, de son sexe, de son rang social est un gage d’espoir d’une humanité nouvelle. Les discours des appareils religieux ne feraient-ils pas mieux de relayer en profondeur une telle vision ? En tout cas, c’est ici le lien de toutes les synergies et de tous les partenaires.

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